Mots-clés : Hombeline, Ombeline, Humbeline, Humberge
Hombeline ou Ombeline, Humbeline ou même Humberge, le prénom venant de « humble » est née en 1092, deux ans après Bernard, au château de Fontaine-lès-Dijon, quatrième enfant de Tescelin et d'Aleth. A la mort de sa mère vers 1107, elle doit prendre la direction de la maison de Fontaine, charge dont elle s'acquitte au mieux. Le départ de Bernard et de ses frères pour Cîteaux est pour elle une dure épreuve.
Le peu que nous savons d’Hombeline (nous conserverons cette orthographe) se trouve essentiellement en quelques lignes dans la première biographie de Bernard, écrite de son vivant même par Guillaume de Saint-Thierry car les archives de Molesme ont été pillées. Au cours des siècles le regard que l’on a porté sur Hombeline reflète l’idée que les hommes d’église se faisaient de la femme. Elle devait se plier aux décisions du père, du mari, des frères et des prêtres. Sa sortie du monde, valorisant sa dévotion, mettant en avant la pénitente.
Hombeline, comme la plupart des dames de ces temps lointains, n’a pas laissé d’effigie. A notre connaissance, les plus anciens portraits d’Hombeline qui nous sont parvenus ne remontent pas au-delà du XVIe siècle : selon l’abbé Jobin « Elle était d’une taille élevée et bien proportionnée. Son visage avait la blancheur de l’albâtre, avec une légère teinte de rougeur… C’était le vrai portrait de son frère saint Bernard ; elle avait les yeux vifs et pénétrants et la belle chevelure blonde… La douceur lui était naturelle. La langue latine lui était familière, elle la comprenait sans difficulté. Elle connaissait aussi la musique, elle savait en rendre tous les tons doux et suaves… Elle se montrait bonne et généreuse envers les pauvres et les malheureux, complaisante pour les affligés… »
A la charnière du XIIe siècle, au cœur de cette société féodale brutale et raffinée aucune destinée féminine n’est envisageable en dehors du choix entre chambre nuptiale et cloître… Bien que jouissant d’une grande fortune, nous n’avons aucune certitude sur le nom de son époux : un frère ou un parent de la duchesse de Lorraine ? un certain Bernard d’Epiry ? ou Guy de Marey auquel pensent plusieurs biographes ? Il n’est pas établi non plus qu’elle ait laissé une postérité.
L’épisode le plus connu de sa vie reste sa rencontre avec Bernard à Clairvaux. Le récit valorise là encore le pouvoir de persuasion de son frère. Elle arrive dans un équipage qualifié de superbe. Devant une parure aussi magnifique, n’y voyant qu’un piège du démon pour faire tomber les religieux dans le mal, ses frères, André le portier, Gérard le cellérier et Bernard l’abbé refusent de lui parler à moins qu’elle ne prenne un extérieur plus modeste. Repentie, il y aurait eu une autre rencontre entre le frère et la sœur, qui lui aurait tenu ce langage : « … Je ne manquerai pas de courage pour vous imiter dans votre manière de vivre. L’amour me rendra facile la pratique de vos austérités ; je chercherai toujours à vous plaire ». Rentrée à la maison familiale, Hombeline qui a une trentaine d’années, se transforme, prenant des habits simples, n’ayant que mépris pour les futilités mondaines, distribuant ses richesses aux pauvres… L’Histoire a retenu que vers 1124, Hombeline, se convertit à la vie monastique, sans doute avec le consentement de son époux.
Elle entre au prieuré de Jully-les-Nonnains, ouvert dix ans plus tôt, accueillie par sa belle-sœur Elisabeth et retrouvant entre autres sa tante, la veuve de Gaudry de Touillon. Le bruit de sa conversion se répand au loin, ce qui met en joie son frère. Les religieuses mêmes sont étonnées de son ardeur. Selon l’abbé Jobin, elle dort peu, sur des planches, passe presque toute la nuit à lire les psaumes et à méditer. Elle n’use que de pauvres vêtements. Elle est la première pour les tâches les plus humbles, soignant les malades. Elle devient vite prieure à la place d’Elisabeth. Sous sa direction, Jully acquiert une grande réputation de sainteté. Beaucoup de jeunes filles et de dames appartenant aux plus nobles familles y entrent ce qui obligera à ouvrir d’autres maisons…
Alors que la maladie la cloue sur son grabat, après une longue période de pénitence et d’incessantes mortifications, c’est en 1141 que, pour Hombeline, fut frappée la tablette des morts. Les coups répétés et rauques de cet instrument signifiaient une fin prochaine. Bernard aurait assisté sa sœur le 21 août de cette année et célébré l’office funéraire. La tradition rapporte qu’elle lui apparut toute lumineuse et qu’elle le remercia du bonheur qu’elle avait mérité par ses conseils. Hombeline fut inhumée sous une pierre tombale devant le maître-autel de la chapelle du prieuré.
Elle n’a pas été canonisée, mais son culte est autorisé par Rome dans les monastères cisterciens à partir de 1703. Les Bénédictins célèbrent la bienheureuse le 21 août, mais sa fête est solennisée dans le bréviaire des Cisterciens le 12 février date à laquelle les religieuses bernardines ou cisterciennes la vénèrent toujours.
Derniers commentaires
→ plus de commentaires