La cathédrale St Pierre et St Paul de Troyes est particulièrement remarquable pour ses vitaux du chœur du XIIIe et ceux de la nef du XVIe, un art parvenu ici à son apogée pour la technique, l’évidement maximal des murs pour laisser passer la lumière et l’enseignement de l’histoire religieuse.
Dans le collatéral droit, un ensemble très restauré notamment par E. Didron en 1877, la verrière numérotée 36, la troisième à droite, juste avant l’espace eucharistique montre Hombeline ; dimensions : 8 mètres sur 4,80 mètres.
On y trouve au tympan, saint Etienne à gauche, saint Barthélémy au centre et saint Laurent à droite. Dans le registre supérieur, la partie la plus ancienne de la verrière, datant du XIVe siècle, sainte Marie-Madeleine et trois martyrs (ci-contre). Le registre inférieur (ci-dessous) montre entre deux vitreries losangées munies de bordures en partie XVIe, grisaille et jaune d’argent, « quatre saintes du diocèse » ; de gauche à droite : trois saintes locales, Jule, Savine (IIIe siècle), Germaine (Ve siècle) puis sainte Hombeline.
Mais pourquoi cette dernière figure-elle sur cette verrière parmi « des saintes du diocèse de Troyes » ?
C’est sans doute à la suite d’une erreur historique relayée par plusieurs auteurs (dont Rouget, Courtépée, Coutant, Socard, Boutiot) qui situèrent aux XVIIIe et XIXe siècles à Jully-sur-Sarce le prieuré de bénédictines fondé par Bernard en 1114. Ce village se trouve effectivement dans l’Aube à 6 km à l’ouest de Bar-sur-Seine.
L’abbé Defer écrit d’ailleurs en 1865 : « Nous n’ignorons pas que Jully en Tonnerrois revendique aussi l’honneur d’avoir possédé sainte Hombeline, nous n’hésitons cependant pas à donner l’histoire de cette illustre abbesse, tant à cause de la tradition que conservent si religieusement les habitants de Jully-sur-Sarce, que parce les motifs qui l’appuient nous ont paru graves. Nous n’entendons pas toute fois nullement terminer le différend ».
A la fin du même ouvrage, il ajoute que « D’après des recherches récentes, le monastère de Jully, où vécurent sainte Humbeline (sic) et le bienheureux Pierre n’appartient pas à notre diocèse. Ces saints personnages n’en ont pas moins bien des fois parcouru les pays voisins de Clairvaux ou de Ricey et, à ce titre, ils nous intéressent spécialement… », allusion aux recherches de Lalore (Annuaire de l’Aube, 1868) qui seront confirmées avec de nouvelles preuves en 1881 par l’abbé Jobin, curé de Gigny.
Néanmoins, Hombeline figure là parmi trois saintes de diocèse aubois. Elle est figurée avec une robe bleue de deux tons différents, un voile blanc et porte la crosse d’abbesse.
Sources :
Abbé Defer, La vie des saints du diocèse de Troyes et histoire de leur culte jusqu’à nos jours, chez Brévot-Leblanc, Troyes, 1865, pages 262 à 265 et page 19 du supplément.
Les vitraux de Champagne-Ardenne, Corpus Vitrearum, Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, Ed. du CNRS, 1992, page 222.
texte original paru dans le N°49 du Juliacum modifié décembre 2023
Photos de Claude Garino
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